03/02/2010

L’abattage musulman stigmatisé!

Aïd el-kebir. C’est en ces termes que Brigitte Bardot s’est adressée, au nom de sa fondation éponyme, la fondation Bardot (FB) à Nicolas Sarkozy dans une lettre remise au président. Souvenez-vous, fin octobre 2008, nous écrivions à propos de l’amie des animaux qu’elle est à l’aïd el-kebir ce que le marronnier est au journalisme, un quelque chose « de faible importance meublant une période creuse, consacré à un événement récurrent et prévisible. » Eh bien, cette année, Mme Bardot a de l’avance et bouleverse la tradition même du marronnier.

L’abattage musulman stigmatisé, l’abattage juif oublié

Hier 15 septembre, Brigitte Bardot, amie sincère des animaux et contemptrice islamophobe de l’abattage rituel a envoyé un mouton en peluche au président de la République, dont ce n’était pas l’anniversaire. Mme Bardot, condamnée à plusieurs reprises pour son racisme primaire à l’égard des musulmans, revient au front pour tenter de convaincre Nicolas Sarkozy qui lui promit, en janvier 2006, de mettre fin à l’abattage rituel. Une promesse qu’il n’a jamais tenue et qu’il ne compte pas tenir. Ce que regrette Brigitte Bardot, outre les musulmans, c’est qu’il soit possible en France, dans un abattoir, de mettre à mort un animal sans l’étourdir préalablement, à la faveur d’une dérogation qui sert non seulement les musulmans mais aussi les juifs, que Mme Bardot oublie systématiquement dans ses sorties xénophobes. Or, en 2008, par la voix de Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur et des cultes, Nicolas Sarkozy rassurait les juifs contre l’abolition de cette dérogation. Mme Alliot-Marie déclarait, mardi 13 mai 2008, devant un parterre de religieux, lors de la conférence des rabbins européens :

« L’Etat doit protéger les traditions cultuelles : je pense à l’abattage rituel que rien ne doit pouvoir remettre en question, même au nom de droits reconnus à la protection animale ».



La précision n’était pas anodine. Comme au premier trimestre 2009, lorsque la crainte de voir l’Europe interdire l’abattage rituel, « des représentants communautaires [...] se sont lancés dans un lobbying actif pour contrer les campagnes des défenseurs des animaux » (source Chiourim.org). Et pour cause, l’enjeu pour les juifs est considérable. Le rabbin Fiszon le rappela lors du Grenelle de l’animal : « s’il devait être imposé en France, les juifs ne consommeraient plus de viande, et ce serait une véritable catastrophe. On se trouverait dans une situation comparable à celle de la Suisse, dont les motivations de l’interdiction de l’abattage rituel en 1894 étaient plutôt destinées à limiter l’entrée des juifs sur le territoire helvétique qu’à limiter la souffrance animale. » Précisons que l’abattage rituel juif est particulièrement vulnérable, puisque toute la partie arrière de la carcasse de bête est jugée impropre à la consommation. Seules les parties hautes, les parties considérées « nobles » sont consommées par les juifs, le reste étant redirigé vers le circuit de distribution traditionnel (et encore, à condition que le rabbin n’ait pas trouvé un défaut sur la carcasse qui la rendrait entièrement illicite).


Faire sans les musulmans est impossible


Mais le lobbying de représentants juifs n’est pas le seul : l’industrie agrolimentaire ne peut faire et ne veut faire sans l’abattage rituel, notamment musulman, tant « l’activité économique liée aux abattages rituels représente une part considérable ». Aussi important que puisse être le rejet des musulmans, ces derniers demeurent indispensables à l’économie française. Prenons un seul exemple, celui de la fête de l’aïd el-kebir. Selon les chiffres officiels, ce n’est pas moins de 200 000 bêtes qui sont abattues à cette occasion. Soit plusieurs dizaines de millions d’euros injectés par les musulmans en moins de trois jours dans un pan de l’économie en grande souffrance : celui de l’agriculture française et des éleveurs, et dans l’industrie agro-alimentaire ; laquelle industrie use de tout son poids pour contrer l’action des associations de protection et de défense des animaux. Comme le confirma un représentant de cette industrie toujours lors du Grenelle de l’animal. Nicolas Douzain, directeur de la fédération nationale de l’industrie et des commerces en gros des viandes précisait en effet ce qui suit :


« L’activité économique liée aux abattages rituels représente une part considérable. Elle est unique en Europe voire mondiale. C’est une donnée importante qui place la France dans une configuration qui ne peut pas être comparée à celle d’autres pays. »


En clair, les musulmans pèsent trop lourd économiquement parlant pour que la France puisse se permettre de leur interdire de pratiquer l’abattage rituel. Brigitte Bardot le sait. Et cela la chagrine. A la différence d’autres associations de protection animale, dont l’OABA, la fondation FB, en la personne de sa présidente, mène une lutte empreinte d’islamophobie. Son mérite est sans conteste et nombre de ses victoires doivent être saluées. Cela étant, tant qu’elle fera une fixation sur les musulmans et notamment sur l’abattage rituel, seul véritable point de friction – si l’on s’en tient au bien-être des animaux -, la cause animale n’avancera pas. Il y aurait pourtant de nombreux chantiers à mener ensemble, l’islam étant très pointilleux sur le respect et le droit des animaux. Mais pour cela, il faudrait que Mme Bardot cesse ces attaques. Au moins pour les animaux, car son noble combat est plombé par une islamophobie viscérale.